Une histoire géographique du développement des transports publics dans le centre ville de Lausanne.
Les diligences sont l'un des plus vieux mode de transport de la Suisse (et de l'Europe) moderne. Utilisant les chevaux comme moyen de locomotion, elles permirent à la fois le transport de plusieurs personnes en même temps et les envois postaux et étaient ainsi ratachées aux Postes. Ce lien se ressentait aussi dans l'espace puisque les départs et arrivées de diligence se faisaient à l'endroit où le bureau des postes se trouvait. A Lausanne, le bureau des postes est toujours là ou il est actuellement : A la place Saint-François.
L'institution qui s'occupait de ce type de transport n'était pas uniformisé au niveau national mais était géré par les cantons. Chacuns d'eux possédait sa propore administration et ses particularités ne facilitant pas les échanges au niveau national. [2]
En 1848, suite à la création du nouvel état fédéral, la poste devient une compétence de la confédération et en 1849 est créé l'office fédéral des postes qui compte comme but le transport de
personnes. On peut y voir ici l'ancêtre des cars postaux. Parmis tous les départs, certains avaient lieux au milieu de la nuit [3] . Afin de palier à ce problème des "Hôtels des postes" furent bati afin d'accueillir pour une partie de la nuit les voyageurs·euses. aujourd’hui l'appelation est restée pour nommer le bâtiment principal des postes à Lausanne.Le choix de Saint-François n'est pas dû au hasard. Situé aux portes de la ville de Lausanne, cet endroit permet de partir dans plusieurs direction e.g Genève, Yverdon ou Pully. Ces tracés de route existants encore de nos jours malgré les mues de la place. L’actuel hôtel des postes à été construit à la fin du 19ème siècle et, de par son allure imposante, il traduit l’importance du réseau postal à l’époque et pour la ville de Lausanne [5]. Le premier hôtel des postes, construit en 1808, se situait au devant de l’église Saint-François et ensuite il s’est déplacé dans le bâtiment des portes de Saint-François en 1864, aujourd’hui occupé par des commerces et des banques. Le premier bâtiment a quand à lui été détruit.
La vallée du Flon tient son nom de la rivière qui y coule. En 1838, la rivière n’est pas encore couverte et le flon est principalement occupé par des activités industrielles (tannerie, scierie)[3]. Depuis le XVIIème siècle, une des entreprises industrielles les plus importantes de la ville est implantée dans la vallée du flon la tannerie Mercier, dont les propriétaires deviendront les principaux actionnaires du Métro Lausanne-Ouchy[2]., quelques décennies plus tard. Le développement du Flon a lieu en parallèle de celui du capitalisme Vaudois.
En 1832, la première épidémie de choléra européenne arrive en Suisse, comparativement à ses voisins Français, le canton de Vaud est relativement peu touché, mais l’épidémie sert de justification aux travaux de couverture de la rivière du Flon. En 1836, sous l’impulsion des pouvoirs publics, le comblement du Flon est entamé, ce sont ces travaux qui transformeront le Flon d’une vallée escarpée en une plaine sur laquelle se développera une partie de l’industrie Lausannoise au XXème siècle. En 1847, un pont (le “grand-pont”) est construit pour traverser la vallée, qui est encore bien plus encaissée qu’elle ne l’est à l’heure actuelle.
Avec la nouvelle confédération Suisse de 1848, les institutions fédérales mirent en place un grand projet de lignes ferroviaires au niveau national. Un de ces tracé, était une ligne genève-morges-Berne et Genève-Morges-Yverdon. La concession du 8 juin 1852 prévoit une halte à Bussigny, suivi d’un embranchement en direction d’Ouchy pour Lausanne. Il n’y a pas de projet de gare à Lausanne La ville de Lausanne a émis une pétition à destination du Grand Conseil vaudois [2] demandant à ce que la ligne passe par Lausanne. Il y a par ailleurs de longues discussions concernant l’exportation du vin vaudois. Suite à différents débats, une nouvelle concession est votée le 10 juin 1853 [3]. Cette dernière mentionne à l’article 3 :“ Il sera établi une jonction directe entre les deux branches qui, de Morges et de Lausanne, tendent à Yverdon, conformément au plan ci-annexé. La gare de Lausanne sera de première classe et construite aux frais de la Compagnie. Elle sera établie entre cette ville et Ouchy, et disposée de manière à pouvoir servir de station pour le prolongement de la ligne sur Vevey. Le service de Lausanne sera organisé, d'accord avec le Conseil d'Etat, de manière à concilier le mieux possible les intérêts de cette ville et les besoins de la circulation générale” Ainsi la gare de Lausanne sera construite en dehors de la ville. Cette dernière sera mise en service en 1855 et subira régulièrement différents travaux afin de la moderniser et de l'agrandir
Etant le port de la ville de Lausanne, l'agrandissement de cette dernière entraine par voie de conséquences le port à se métamorphoser. Des comblements du lac auront lieux plusieurs fois afin de gagner du terrain sur le Léman et permettre l'aménagement de différents chantier navaux, débarcadères et ports. Le premier comblement est dirigé par l'influente Société Immobilière d'Ouchy; société privée dévellopant fortement la région. Ainsi les principaux changements de la partie lacustre de la ville ne furent non pas dicté par l'interet public mais par ceux du privé. En 1857 un nouveau quai est construit pour les dépôts de marchandises ainsi que des hangars. Ces travaux permettent aussi de réviser l’apparence du littoral. Au même moment, Jean-Jacques Mercier III construit à l’autre bout d’Ouchy l'Hôtel Beau-Rivage dessinant ainsi le futur du littoral : Commerce et Tourisme.
Ouchy existe depuis au moins le XIIème siècle en tant que "commune autonome" (d'ou aujourd'hui l'appelation commune libre et autonome même si ce n'est plus le cas) et peut gérer ses propres marchandises et stocks. Ainsi dès le départ, le hameau a vocation un port de marchandises sur le Léman. L'autonomie de la commune s'arrête en 1798 lorsque le prêfet rattache la commune à celle de Lausanne. [1]. Très tôt, des interventions afin de gagner du terrain sur le Léman arrivèrent. Les premières remontent à 1791 afin de construire une jetée au sud-est du château dans le but de protéger le port
A partir du début du XIXème siècle, le besoin de construire un axe de transport du port d’Ouchy au centre ville de Lausanne devient de plus en plus clair. Le débarcadère de bâteaux à vapeur installé à Ouchy en 1823, sert non seulement au transport de personnes mais aussi de marchandises, dont le transport vers Lausanne est principalement assuré à dos d'âne [1].
En 1857, la municipalité de Lausanne ouvre un concours pour la présentation d’un projet de raccordement de Lausanne à Ouchy, par la construction d’une route carrossable, ou par le chemin de fer. Aucun de ces projet ne sera retenu [1]. Après plusieurs projets abandonnés une concession est accordée en 1871 par décret du Grand Conseil Vaudois à la Compagnie du Chemin de Fer Lausanne Ouchy pour une ligne de chemin de fer pneumatique [2]. L'investissement est en grand partie assuré par Jean-Jacques Mercier III, grand industriel Lausannois qui sera aussi le premier président de la compagnie [1]. Le choix d’un chemin de fer pneumatique se montrera profondément inadapté et au final c’est un funiculaire hydraulique qui sera construit, une conduite d’eau sera installée depuis le lac des Brenets afin d'entrainer les turbines du nouveau funiculaire.
Inauguré en 1877 (il sera surnommée la ficelle) sur le tracé de l’actuel M2 le funiculaire est séparé en deux sections: Lausanne-Ouchy (qui relie le débarcadère d’Ouchy à la Gare) et Lausanne Gare (qui relie le Flon à la Gare). Si le tracé suivi par le funiculaire est celui du métro contemporain, sa fonction est assez différente, le funiculaire transporte de passagers comme l’actuel métro mais est aussi conçu pour transporter des marchandises et ses rails peuvent accommoder des wagons arrivant de la gare de Lausanne ou du débarcadère d’Ouchy. La construction du funiculaire est donc profondément lié au développement industriel de la ville, dans lequel ce dernier remplit une fonction clé, fonction que ce dernier perdra au début du XXème siècle avec le développement du transport automobile.
A la construction du funiculaire Lausanne Ouchy, la vallée du Flon est remblayée en utilisant les matériaux excavés pour la construction du tunnel, c’est à cette période là que la vallée du Flon prend son aspect contemporain. La première rangée d’arches du Grand Pont est enfouie sous les gravats. La remblaiement de la vallée créé des terrains constructibles facilement accessibles depuis le reste de la ville là où se trouvait précédemment une vallée séparant la ville en deux. L’ensemble des terrains de la vallée sont cédés à la compagnie Compagnie du Chemin de fer Lausanne-Ouchy et des Eaux de Bret en contrepartie des travaux du funiculaire. Cest terrains constructibles vont servir à l’installation de nombreux entrepôts qui serviront à l’industrie et aux commerces de la ville.
Le Flon est alors aménagé pour accueillir les wagons de marchandises acheminés par le funiculaire. Devant la gare sont installé des rails de trains, des plateformes tournantes pour le transport de marchandises et des quais de chargements qui permettent de desservir les entrepôts qui sont construits sur les nouveaux terrains du Flon.
Les travaux continuent à Ouchy et notamment sur le port. Ces
modifications de terrains sont visibles sur la carte. Les limites du
terrain avancent dans le lac et les constructions augmentent.
L’arrivée de nouvelles constructions se fait sentir et l’arrivée du
tourisme a vu la construction de jardins anglais
Un nouveau débarcadère a été construit en 1880 et permet aux
touristes d’utiliser le port de plaisance plutôt que le port
commercial. Par ailleurs, la Compagnie Générale de Navigation (CGN)
y déplace son chantier naval en 1887
En parallèle de cela la connexion avec le funiculaire Lausanne-Ouchy est établie et des débarcadères qui permettent de charger des wagons de marchandises à même le quai sont construits. Ce développement permet de profiter de la construction du funiculaire pour amener de grandes quantités de marchandises jusqu’au flon.
L'emplacement choisi de la gare de Lausanne eu pour conséquence de fortement infulencer le développement de la ville au-delà des frontières historiques. L'apport de la gare voit se développer des services comme des hôtels ou des restaurant à proximité pour les voyageurs·euses. A l'époque, on y accède par le funiculaire ou par calèche comme visible sur la photo au dessus. L'ancienne gare fut détruite pour être remplacée en 1879 par celle visible au-dessus. Les marchandises arrivant par le rail passent encore par la gare commerciale, située à côté de la gare publiques. Les marchandises étaient acheminées jusqu'au Flon par le funiculaire spécialement dédié comme expliqué plus haut
Les travaux continuent à Ouchy et notamment sur le port. Ces
modifications de terrains sont visibles sur la carte. Les limites du
terrain avancent dans le lac et les constructions augmentent.
L’arrivée de nouvelles constructions se fait sentir et l’arrivée du
tourisme a vu la construction de jardins anglais
Un nouveau débarcadère a été construit en 1880 et permet aux
touristes d’utiliser le port de plaisance plutôt que le port
commercial. Par ailleurs, la Compagnie Générale de Navigation (CGN)
y déplace son chantier naval en 1887
En parallèle de cela la connexion avec le funiculaire Lausanne-Ouchy est établie et des débarcadères qui permettent de charger des wagons de marchandises à même le quai sont construits. Ce développement permet de profiter de la construction du funiculaire pour amener de grandes quantités de marchandises jusqu’au flon.
A l’approche du XXème siècle la municipalité de Lausanne étudie la possibilité de la construction d’un réseau de transport urbain plus dense, entre 1882 et 1883 un premier projet est étudié, puis un second entre 1885 yet 1889 mais aucun de ces deux n'aboutit, tous deux interrompus par la mort de leurs instigateurs. Finalement, en 1891 un comité d’initiative lance le projet qui aboutira à la fondation de la compagnie de Tramways Lausannois (TL) [1].
En 1894 l’ingénieur Adrien Palaz obtient une première concession pour la construction d’un réseau du tramway lausannois [1]. Concession qui comporte les ligne suivantes:
C’est en 1895 qu’est officiellement fondée la société des Tramways Lausannois [2], et les lignes de la première concession sont ouvertes le 1er septembre 1896 [1]. Plusieurs modes de propulsions sont étudiés (propulsion à vapeur, tramway à chevaux, système pneumatique) et c’est la propulsion électrique qui est choisie. A l’époque la ville de Lausanne n’est pas desservie par un réseau électrique susceptible de convenir au tramway, une centrale électrique dédiée sera donc construite au dépôt de tramway (installé à Couvaloup, voir la carte) [3], cette centrale sera en fonction jusqu'à ce que la ville de Lausanne se dote d’un réseau électrique susceptible de convenir aux tramways (en 1903).
Depuis la fondation de la compagnie, le réseau de tramways Lausannois rencontre un grand succès, qui confirme la demande, permet une exploitation rentable et encourage au développement de l’activité de transports publics.
En 1903 la société des reçoit de la municipalité une seconde concession qui autorise l’extension du réseau. Les lignes suivantes sont ouvertes [1].
Puis en 1906 ouvrent les lignes Tunnel - Le Mont - Cugy, ainsi que le “Tour de ville”. En 1906 c’est la ligne Riponne Bel-Air -Bergières qui ouvre à son tour. En 1922 les ligne Saint-François - Mousquines et Closelet - Épinettes sont fermées. En 1899 se constitue la société des chemins de fer du Jorat (REJ), une compagnie qui va opérer des lignes régionales (notamment la ligne La Sallaz-Moudon), en 1910 la REJ est déficitaire et fusionne avec la compagnie des TL. A partir de ce moment là les Tramways Lausannois sont unifiés [1].
A la manière du funiculaire Lausanne-Ouchy, le tramway lausannois rempli un rôle qui va au delà du transport de personnes. Le dense réseau de tramway sert aussi au transport de marchandise vers la ville de Lausanne et joue aussi un rôle dans l'économie régionales en permettant de connecter l'industrie de la ville aux campagnes environnantes, via les lignes de transport régionales des TL et à des destinations plus lointaine, via la connection avec le réseau des cff par la gare, et l'élevateur d'ouchy. Une bonne illustration de cette activité se trouve dans l'histoire de la Laiterie Agricole de Lausanne. Fondée en 1895 la Laiterie transforme du lait produit dans la campagne vaudoise, à partir de 1899 son approvisionnement est assuré par la compagnie des TL qui achemine le lait depuis Moudon à travers son réseau est celui des chemins de fer du Jorat [2].
La gare de Lausanne continue d'attirer les changement et le develloppement urbain dans son voisinage. Les Chemins de fer Fédéraux, nouvellement créés suite à de nombreuses nationalisations reprennent la gestion de la gare de Lausanne. Un concours est lancé en 1908 pour moderniser la gare et permettre de répondre aux nouvelles exigences. L'ouverture du Tunel du Simplon en 1906 propulse la gare de Lausanne comme un point important du transit [1].
Le nouvel édifice est achevé en 1911 est correspond à celui connu aujourd'hui. La gare continuera de subir des modifictation et le projet Léman 2030 démontre que le dévelloppement du rail n'est pas terminé
L’ancienne vallée du flon continue d’être remblayée pour agrandir la zone constructible du Flon et permettre l’établissement de nouveaux entrepôts (sur des terrains loués par la compagnie de Lausanne Ouchy). Le système de “chariot transbordeur” destiné à approvisionner les entrepôts, du flon impose la structure en grille qui caractérise le plan d'aménagement de la vallée du Flon (qui a conservé cette forme aujourd’hui) [1].
Plusieurs grands entrepôts sont construits (notamment “l’entrepôt fédéral”) pour desservir la ville. Les marchandises les plus transportées (et entreposées) sont des combustibles (du charbon et du coke) et des materiaux de construction bruts (pierres/bois/sables) qui arrivent du port d’ouchy (et de l’usine à gaz d’Ouchy, qui est un produit secondaire de la production de gaz). Et plus de cela des marchandises plus variées arrivent de la gare, du bois des produits alimentaires (on voit des tonneaux de vins et des wagons de bière dans certaines de photos des installations). Dans leur ouvrage les auteur·ces de [1] estiment qu’environ 3mio de tonnes de marchandises ont transité par les funiculaires entre 1920 et 1954.
Un des projets notoires de l'aménagement du flon est la construction d’un élévateur permettant de faire monter les wagons de marchandises du flon jusqu’à bel-air pour faciliter la distribution à destination du reste de la ville de Lausanne, quelques dizaines de mètres plus haut. Ce projet est supervisé par la compagnie du Funiculaire Lausanne Ouchy qui opère le monte-charge ainsi que le bâtiment qui l'héberge: la "gare de marchandise de Bel-Air" [2].
Inauguré en 1899 par la Compagnie de Chemin de Fer de Lausanne Signal, une société par action fondée pour sa gestion, il connecte la place du Vallon au Signal de Sauvabelin. Il a avant tout été construit pour desservir un lac gelé utilisé pour faire du patin à glace, c'est un ouvrage qui vise une activité principalement touristique. [1]
Le funiculaire peinera a être rentable: le traffic entre Lausanne et le Signal de Sauvablin est trop faible pour couvrir les couts d'exploitation de la ligne, et elle sera fermée en 1949, un des troncons du funiculaire sera converti en champignonnière.
Ce projet a été réalisé par Hugo Casademont, Basile Morier, Alexandre Reis De Matos et Titouan Renard dans le cadre du cours de Lausanne Time Machine qui vise à numériser l'histoire lausannoise sous différents angles. Nous avons choisi de travailler sur l'évolution des transports à Lausanne entre 1838 et 1928.